Substances perfluoroalkylées (PFAS)

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Les substances perfluoroalkylées (PFAS) étaient et sont encore, pour certaines d'entre elles, largement utilisées dans des applications industrielles et grand public, notamment dans les revêtements antitaches pour les tissus et les tapis, les revêtements résistants à l'huile pour le papier et le carton, les matériaux en contact avec les aliments notamment le traitement de surface des ustensiles de cuisine (par exemple le teflon), les mousses anti-incendie, les tensioactifs pour les mines et les puits de pétrole, les cirages pour les sols, les cosmétiques et les formulations insecticides (1).

 

 

 

 

Les molécules de PFAS sont constituées d'une chaîne d'atomes de carbone et de fluor liés (Figure à droite). Comme la liaison carbone-fluor est l'une des plus fortes, ces produits chimiques résistent à la biodégradation, à la photo-oxydation, et à l'hydrolyse. Au fil du temps ces substances s'accumulent dans les animaux, l'environnement et finalement dans le corps humain (2).

Les substances perfluoroalkylées appartiennent à la famille des polluants organiques persistants (POP).  

Les voies d’exposition aux PFAS

La contamination des aliments par les molécules de PFAS résulte principalement de leur bioaccumulation dans les chaînes alimentaires aquatiques et terrestres, mais leur absorption par les plantes à partir du sol et l'utilisation de matériaux en contact avec les aliments contenant des PFAS contribuent également à l'exposition humaine (3).

 

L'acide perfluorooctane sulfonique (PFOS) et l'acide perfluorooctanoïque (PFOA) sont les PFAS que l'on retrouve dans les aliments et chez l'homme aux concentrations les plus élevées (4).

 

Les sources d’expositions aux PFAS sont multiples et incluent entres autres (5, 2) :

  • L’ingestion alimentaire (nourriture et eau);
  • L'utilisation de produits fabriqués avec des PFAS ou emballés dans des matériaux en contact contenant des PFAS;
  • Une exposition par la poussière. Les PFAS peuvent être transportés sur de longues distances dans la poussière;
  • Environnement contaminé : proximité d'aéroports, de zones d'entraînement à la lutte contre les incendies, industries;
  • Le transfert trans-placentaire et via allaitement;
  • Les cosmétiques.

 

La présence de PFAS a même été démontrée dans les ours polaires (6).

Les effets sur la santé

Les recherches scientifiques actuelles suggèrent que l'exposition à des niveaux élevés de certains PFAS peut entraîner des effets néfastes sur la santé.

 

Cependant, des recherches sont toujours en cours pour déterminer comment différents niveaux d'exposition à différents PFAS peuvent conduire à une variété d'effets sur la santé. La recherche essaie également de mieux comprendre les effets sur la santé associés à de faibles niveaux d'exposition aux PFAS sur de longues périodes, en particulier chez les enfants.

 

L'exposition à certains niveaux de PFAS peut conduire à (7, 8, 4, 9) :

  • L’augmentation du risque de certains cancers, y compris les cancers de la prostate, des reins et des testicules;
  • La réduction de la capacité du système immunitaire de l'organisme à combattre les infections, y compris une réponse réduite aux vaccins;
  • L’augmentation du taux de cholestérol et/ou du risque d'obésité, le diabète et des maladies cardiaques;
  • Des effets sur le développement neurologique chez les enfants, notamment un faible poids à la naissance ou des changements de comportement;
  • Des effets sur la reproduction, comme une baisse de la fertilité ou une augmentation de l'hypertension artérielle chez les femmes enceintes;
  • L’interférence avec les hormones naturelles de l'organisme;
  • Des études in vitro ont montré que les PFAS pouvaient posséder des capacités de perturbation endocrinienne.

Surveillance de l’exposition aux substances perfluoroalkylées

L'EFSA a établi un nouveau seuil de sécurité pour les principales substances perfluoroalkylées, ou PFAS, qui s'accumulent dans l'organisme (4). La définition de ce seuil, une dose hebdomadaire tolérable de 4,4 nanogrammes par kilogramme de poids corporel, fait partie intégrante d'un avis scientifique sur les risques pour la santé humaine résultant de la présence de PFAS dans les aliments.

 

Les quatre PFAS sur lesquels l'évaluation de l'EFSA s'est concentrée sont

  • l'acide perfluorooctanoïque (PFOA);
  • le perfluorooctane sulfonate (PFOS);
  • l'acide perfluorononanoïque (PFNA) et
  • l'acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS).

Règlementation

La Commission européenne recommande aux États membres d'effectuer, au cours des années 2022, 2023, 2024 et 2025, une surveillance de la présence de PFAS dans les aliments et aliments pour animaux.

 

En particulier, la surveillance doit porter sur une grande variété de denrées alimentaires reflétant les habitudes de consommation, notamment les fruits, les légumes, les racines et tubercules amylacés, les céréales, les noix, les oléagineux, les aliments pour nourrissons et enfants en bas âge, les denrées alimentaires d'origine animale, les boissons non alcoolisées, le vin et la bière, afin de permettre une estimation précise de l'exposition.

Position de l'autorité compétente

La division de la sécurité alimentaire va également procéder à des analyses sur la concentration en PFAS dans des denrées alimentaires disponibles sur le marché luxembourgeois.

Références

  1. F. Xiao, Emerging poly- and perfluoroalkyl substances in the aquatic environment: A review of current literature. Water Res 124, 482-495 (2017).
  2. M. W. Sima, P. R. Jaffé, A critical review of modeling Poly- and Perfluoroalkyl Substances (PFAS) in the soil-water environment. Sci Total Environ 757, 143793 (2021).
  3. A. Ramírez Carnero, A. Lestido-Cardama, P. Vazquez Loureiro, L. Barbosa-Pereira et al., Presence of Perfluoroalkyl and Polyfluoroalkyl Substances (PFAS) in Food Contact Materials (FCM) and Its Migration to Food. Foods 10 (2021).
  4. EFSA Panel on Contaminants in the Food Chain, D. Schrenk, M. Bignami, L. Bodin et al., Risk to human health related to the presence of perfluoroalkyl substances in food. EFSA Journal 18, e06223 (2020).
  5. Comité Scientifique institué auprès de l'Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire, Évaluation du programme d'analyse de l'AFSCA relatif aux contaminants exogènes: B. Polluants organiques persistants (POP). 2020. https://www.favv-afsca.be/comitescientifique/avis/2020/_documents/Avis22-2020_SciCom2017-07_contaminantsexogenes-POPs_000.pdf.
  6. K. E. Pedersen, R. J. Letcher, C. Sonne, R. Dietz, B. Styrishave, Per- and polyfluoroalkyl substances (PFASs) - New endocrine disruptors in polar bears (Ursus maritimus)? Environ Int 96, 180-189 (2016).
  7. C. C. Bach, A. Vested, K. T. Jørgensen, J. P. E. Bonde et al., Perfluoroalkyl and polyfluoroalkyl substances and measures of human fertility: a systematic review. Critical Reviews in Toxicology 46, 735-755 (2016).
  8. E. M. Sunderland, X. C. Hu, C. Dassuncao, A. K. Tokranov et al., A review of the pathways of human exposure to poly- and perfluoroalkyl substances (PFASs) and present understanding of health effects. J Expo Sci Environ Epidemiol 29, 131-147 (2019).
  9. A. O. De Silva, J. M. Armitage, T. A. Bruton, C. Dassuncao et al., PFAS Exposure Pathways for Humans and Wildlife: A Synthesis of Current Knowledge and Key Gaps in Understanding. Environ Toxicol Chem 40, 631-657 (2021).

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